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2006 - Rêverie

 

La main, origine de l’art :

C’est en caressant mon ami le chien, que m’est venu cette autre idée. L’homme est-il bien la seule espèce à avoir développé le sens du toucher et la manipulation? Chez les autres espèces, le sens du toucher ressemble à un système d’alarme et la sensibilité est concentrée dans la gueule. C’est pourtant une évidence que la main a fait l’humain. “Un jour le primate s’est redressé, ses pattes avant n’ont plus servi à fouler le sol. Bras et mains sont-ils des moyens de locomotion dans les arbres (milieu = foret), et la verticalité permettant de voir au loin (milieu = savane)” Pendant que tout son physique lui sert à se mouvoir, ses mains devenues libres, se sont consacrées à des prolongements de son esprit.

Mains et esprit ont grandi ensemble. La face de l’être humain s’est redressée vers les étoiles. “Une espèce a quitté lentement la course en avant et a prit de la distance sur sa condition”. Je me souviens que des études scientifiques soulignent que le développement du cerveau se concrétise par la manipulation d’objets avec les mains chez les enfants. L’art est-il un prolongement du ludique à l’âge adulte ? S’agit-il d’un désir de continuer le grandissement par le jeu ? Un jeu pour l’esprit comme le sport est pour le développement physique.

Je ne m’explique pas ce sentiment qui me fait penser que mains et réflexion sont intimement liées. Comme s’il y avait de la pensée dans nos mains et des mains dans notre esprit.

Y a-il un dénominateur commun entre les mains et le cerveau ? Il m’est venu l’idée de “la connection multiple”... Comme si nos mains étaient “deux gros neurones terminaux” au bout de nos bras. Il m’est venu l’idée de “la plasticité” : les mains sont capables de prendre une infinité de postures articulées, le cerveau de remodeler sa configuration et de s’autocorriger (capacité d’apprendre, de choisir — le ”libre arbitre”). L’esprit et les mains épousent l’environnement à l’image du vivant qui s’adapte à la nature. Je pense que l’évolution biologique (ma nature ou l’inné) est une première chose et que l’évolution des mentalités (ma culture ou l’acquis) est une autre chose et que peut-être, cette dernière influence lentement la première. Les mobilités de l’esprit influencent-elles la ”matière” ? Je touche du doigt, donc je pense? Je pense, donc je finis par être ?

Ce sujet me rappelle les représentations de mains sur la paroi des murs des grottes rupestres; elles m’évoquent une affirmation identitaire forte, une manifestation concrète et centrale de l’identité humaine. “Grand-père” (il y a entre trente-cinq ou dix mille ans) a-t-il réfléchi sur sa main? Mon ressenti est une pure projection, car comment sortir de ma culture et voir selon un contexte aussi lointain ? C’est impossible !

Le temps présent n’est plus au toucher mais à l'audio-visuel, les métiers manuels sont méprisés, l’intellect est dominant. Mais si le moteur de l’intellect est issu des expérimentations de nos mains et du toucher, de quelle autre intelligence parle-t-on aujourd’hui ?

Calméjane (2006 ©)

RêveriesSentiments sur l'art

 


(Suite)


Yves Calméjane
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