La fresque


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Yves Calméjane Technique de la fresque


La fresque véritable "buon fresco”

La fresque est une technique particulière de la peinture murale, peinture solidaire de l'architecture.
C'est l'art antique que pratiquaient les Romains. Fresque vient de l’italien “a fresco” : Peindre sur un enduit frais. Cet enduit est constitué de chaux aérienne éteinte et de sable. Les couleurs appliquées sont des pigments compatibles avec la chaux, simplement délayés dans de l’eau pure.


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Le fresquiste

Le fresquiste est un artiste et un maçon réuni. Il peint tant que la carbonatation de la chaux n’est pas achevée à la surface de l’enduit (entre une heure et huit heures selon le temps et le support).
Le temps de prépatation est long, le temps pour l’exécution peinte est court. La technique demande de la dextérité ou une certaine humilité quant au choix du style. Cela demande un travail de patience en amont et beaucoup d’organisation.
Le fresquiste peint pour un lieu, c’est un art monumental, sa peinture est liée au mur, créée dans et pour le lieu.


Le cycle de la chaux

La chaux est une matière servant de support et de liant à la foi.
Elle est à l’origine une pierre, et redeviens pierre après un cycle ou est utilisé le feux (calcination), l’eau (extinction et gâche), la terre (pigments), puis l’aire (carbonatation), les quatre éléments.


La carbonatation

La chaux aérienne, ou “chaux grasse”, ou “fleur de chaux” (à ne pas confondre avec la chaux hydrolique ; “chaux maigre”) ne réalise pas sa prise lorsqu’ elle est en pâte plongée sous l’eau car elle est à l’abri de l’air.
Les romains conservaient la chaux en pâte plongée dans des fosses, elle y séjournait durant des années.

La chaux aérienne durcie au contact de l’air où elle reprend le CO2, elle augmente de 17 % son volume en se carbonatant.
C’est en particulier dans l’air humide et dans l’eau à l’état gazeux qu’est contenu le dioxyde de carbone.
La cristallisation de la chaux se prolonge à l’intérieur des enduits par la circulation de l’humidité durant des mois (voir des siècles). L’humidité se doit de circuler longuement dans l’épaisseur de l’enduit.

Le fresquiste œuvre à la solidité de son ouvrage.
La nature offre un calcaire tendre ; la craie, et à l’autre extrême un calcaire dur ; le marbre, plus ou moins bien cristallisé, plus ou moins serré. Dans un premier temps le sèchage de la chaux reste plusieurs semaines réversible (craint la pluie) et sans résistance mécanique. Dans un deuxième temps, les particules de chaux se transformeront en cristaux. Ces cristallisations forment des liaisons par leurs extrémités. Sorte de soudures entre cristaux et avec les éléments en proximité (sable, pigment, surfaces poreuses).
Les enduits sont composés de granulats et de liants. Les espaces entre les granulats ne peuvent être entièrement remplis par le liant et présentent des pores ou “capillaires” (vides laissés par le départ de l’eau). Les sables fins génèrent des capillaires fins.


Les enduits préparatoires

L’intonaco est la dernière maçonnerie du fresquiste. Il peint aux pigments et à l’eau claire sur cet enduit frais.

Les enduits sont épais en amont constitués d’agrégats à grosses granulométries puis les enduits sont de plus en plus fins avec des sables à granulométries réduites. Ce dispositif dégressif garde une souplesse sur la couche finale afin d’absorber les tensions en profondeur et d’éviter les fissures visibles.
C’est une mécanique qui oriente l’humidité vers la couche de travail et laisse du temps pour l’exécution des peintures. Les sables fins génèrent des capillaires fins qui ont plus de force de succion. Les petits capillaires aspirent comme des pompes l’eau en réserves dans des plus gros capillaires. Le mur préalablement humidifié doit constituer une réserve d’eau dans les couches profondes.


La maçonnerie

 

La reconnaissance des supports est la base d’un travail durable. La bonne connaissance des matériaux est indispensable et comme tout savoir-faire, l’expérience est un long chemin. L’artiste aujourd’hui collabore avec un maçon professionnel (garantie décenalle).

• Les mortiers de chaux devenus durs (en 8 à 12 mois),sont imperméables à l’eau mais perméables aux vapeurs d’eau (on dit qu’ils respirent).
• Le mur se doit d’être sain, exempt d’infiltrations acides et de salpêtre, exempt de poussières et de matières friables. Le mur se doit d’être poreux (absorption) mais avec une capillarité ralentie.
• Les supports poreux (ouverts) “qui respirent” offrent un bon accrochage : briques, pierres tendres... Au contraire, les supports non-poreux (fermés) comme le béton, les pierres dures et à l’extrème le bois, les peintures, le plâtre réclament des remèdes plus ou moins drastiques.
• Les températures pendant les étapes de travail tolèrent entre 8 et 30° maximum.
• Une surface qui doit en attente d’une autre se doit d’être rugueuse. Le talochage évite que la chaux et l’eau remonte sur la surface.
• Un enduit à la chaux exige un “serrage”. Chaux et sable doivent être tassés et accompagnés au fur et à mesure que l’eau s’évacue. L’eau apporte du vide dans le mortier (bulle ou macro pore) mais les capillaires sont grands de quelques microns.
• La force de capillarité est d’autant plus grande que la section des capillaires est faible (loi de Jurin).
• Un enduit ne doit pas s’assécher trop vite, il est aspergé régulièrement, d’autant plus par temps sec et venteux. Éviter l’ensoleillement direct. Fabriquer des protections.
• Le mur se doit d’être abondamment mouillé entre chaque couche. Mais le support ne doit pas être ruisselant, on attend que le “mur ai bu”.
• Une pellicule d’eau peut empêcher la cristallisation d’adhérer. Il est préférable de gâcher un sable sec.
• Trois semaines de séchage sont nécessaires entre la première et deuxième couche.
• TROP D’EAU (noyé) = mauvaise prise, fragilité, fissures, faïençage, manque d’adhérence / MANQUE D’EAU (sec) = poudre non gâchée, farinage, mauvaise prise /TROP DE CHAUX = manque de résistance / TROP DE SABLE = fissurations, se faïence

• Les nuisibles : Les infiltrations du sol. Les sels, sel de mer et alimentaire, plâtre, carbonates alcalins (cendre), les acides. Les éléments contenants du souffre, éléments aux volumes instables, gélifs..


Les étapes

“Affresco”, “peint a fresco” vient de l’italien “peindre dans l’humide”,
“Dipingere in fresco”, “peindre sur le frais”. L’Italie, berçeau de la fresque
nous a léguée des termes qui font rêver...


Support


2 / Trullisatio : Mortier grossier
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3 / Arriccio : Maçonnerie bien dressée de chaux grossière 1/ + sable 2/ ou 3/
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3 / Sinopia : Dessin ocre rouge (cinope + ocre) ou charbon de bois, ébauche du projet, masses du dessin déterminent des découpes de surfaces à peindre dans la journée — raccords entre les surfaces
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4 / L’intonaco : fine couche (3 mm. maxi) sur arriccio largement humidifié.
pâte à chaux 1/ + sable 1 ou poudre de marbre / (+ fibres, puzilane)
support de la couleur — Report du dessin par poncif, laisser reposer avant 1ère couche de couleur.

Peinture

• “a fresco ou buon fresco” peinture dans la journée sur frais en commençant par le haut.. Les pigments sont fixés lors de la carbonatation et durcissement de la chaux. Tout repentir est interdit, oblige à gratter l’intonaco puis de recommencer. Chaux fraîche + pigments = calcin : résistant et extrêmement solide à la lumière.
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• “mezzo fresco”, liant ajouté au pigment peint a fresco (amidon de seigle, lait...).
Le résultat est moins solide. Anciennement utilisé pour les bleus.
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• “a secco” Sur mortier presque sec : Facilite la réalisation de retouches, couleurs plus brillantes, mais mauvaise conservation (jaunissent, grisaillent, moisissures, s’écaillent, mauvaise adhérence). Utilisé anciennement pour le lapis-lazulis, les dorures.
• Fresco secco : sur l’arriccio largement humidifié les pigments sont appliqués, dispersés avec de l’eau de chaux.
• Tempera : Liants à la colle d’os, œufs, caséine de lait caillé + eau de chaux. L’enduit pouvait être préalablement encollé à la caséine. Le “petresco” est un liant de cire et de résine.
• Huile : L’enduit sec est imbibé à saturation d’huiles siccatives et de résines avant d’être peint.
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3 / Finition à la cire, lustre, (pour l’imitation de marbre)


Les pigments

Les pigments : Les pigments sont des matières inertes colorantes réduites en poudre. Ils sont naturels ou de synthèses et ont chacun leurs caractéristiques. Le liant, “véhicule” ou “dispersant” est le composant qui enrobe puis agglutine les particules de pigments puis adhère au support. Toute peinture est un pigment plus un liant. D’abord à l’état liquide, afin d’être mêlé aux pigments et de faciliter l’application sur un support, le liant devient ensuite solide. Ceci par oxydation (huile), refroidissement (colle et cire) ou évaporation (badigeon, aquarelle). Cristallisation (fresque). Seul le liant détermine la technique.

Les pigments pour la chaux résistent
en milieu alcalin.

— Liste de pigments compatibles modernes:
Noir, jaune, violet, orange, rouge de Mars
Blanc de titane
Vert oxyde de chrome (excellent)
Vert émeraude (excellent)
Vert, violet, bleu de cobalt
Bleu outremer
Bleu céruléum (excellent)
Bleu cobalt foncé
Jaune, orangé, rouge de cadmium
Quinacridones
Azoïques (PY3)
Vert et bleu phtalo.
Laque alizarine (PR83)

— Pigments anciens :
Les terres naturelles : Ocre jaune et rouge (excellent)
Ombre naturelle et brûlée (excellent)
Sienne naturelle et brûlée
Brun et noir de manganèses
Terre verte (excellent)
Verdaccio (ocre + noir)
Noir d’ivoire, de vigne
Ampélite (ou pierre noir, forte proportion de carbone)
Blanc de Saint-jean (carbonate de chaux)
Malachite
Smalt véritables- détrempe avec du lait
Lapis-lazulis (a seco)
Jaune de Naple véritable passe à la lumière
Laque de garance (contestable)
Rouge cinabre véritable (noirci)
Blanc de plomb (noirci)
Vert de gris (passe à la lumière)
Ardoise (application difficile, passe à la lumière)


Les adjuvants

Substances minoritaires ajoutées en quantités modestes dans un but précis.
Rôles des adjuvants :
— Améliore l’application (la mise en œuvre) (l’ouvrabilité) du produit,
— Améliore le produit fini, mortier ou film des peintures.

Plus de liant complémentaire • stabilisant : Aide à la fixation des pigments, améliore la solidité du film, évite les surface poudreuses (farine) des peintures à la chaux.

jaune et blanc d’œuf,

Fixatif ou fixateur • agent de liaison : renforce l’adhérence sur le support — Adhérence de la chaux (évite la migration de la chaux, évite qu’elle fuse sur les bords)

Sel d’alun de potasse (Romains)

Agents mouillants • Lubrifiant • Mise en œuvre souple • Plastifiant : améliore la dispersion et favorise le mélange des pigments des peintures à la chaux, facilite la mise en œuvre par la souplesse des mélanges, supprime les fusées des oxydes.
Améliore la carbonatation • catalyseurs : améliore et accélère la prise des peintures et mortier à la chaux par l’apport de gaz carbonique (CO2) fermentation de sucre et alcoolique.

savon

Rétenteur d’eau — Enduit assoupli : favorise la rétention d’eau (ralenti l’évaporation) les mortiers ont besoin d’une prise lente (besoin d’eau durant 3, 4 semaines) — l’eau apporte une ouvrabilité et souplesse durant l’application des mortiers et des peintures à la chaux — trop d’eau entraîne le faïençage mais pas assez d’eau favorise le farinage.

colle à papier peint (métyle cellulose)

Imperméabilisant (• hydrofugeant • étanchéité) : ont pour rôle d’améliorer l’étanchéité d’un enduit, soit dans sa masse, soit superficiellement.

graisses, suif

Durcisseur, cohésion, liaison : ajoutés pour durcir les mortiers et badigeons qui résistent à la pluie.

résines de pin

Par temps froid • Résistance au gel • Ajoute air : un entraîneur d’air favorise la multiplication de microbulles d’air au moment de la réalisation du mortier (porosité), cela assouplit le mortier, améliore son caractère isolant, diminue son retrait et améliore sa résistance au gel (le gel augmente de 15% le volume de l’eau, les vides d’air permettent à l’eau de gonfler).

bière

Temps sec - retardateur : favorise un travail de la surface de plusieurs jours, polie à l’agathe pour un fini luisant.

lait et sucre (Inde)

Renforce l’adhérence sur le support :

Sikalatex (Sika) (contemporain).

Améliore la carbonatation

bière, moût de raisin

catalyseurs : apport de gaz carbonique (CO2) fermentation de sucre et alcoolique


La “giornata”

Journée en italien, une “giornata” est un morceau à peindre dans une journée. Sa surface offre une faisabilité d’aboutir à son achèvement selon le temps disponible laissé par la prise rapide de la chaux.
C’est un “fragment envisagé”, une fragmentation de la fresque en temps de travail.

La surface est plus ou moins grande selon sa complexité et la finesse des détails.
La conception de ce découpage est étudiée dans la maquette.
Lorsque la hauteur dépasse de plusieurs fois la hauteur d’un homme nécessitant le montage d’un échafaudage, les étages horizontaux de “giornata” se nomment “pontate” en italien. Le fresquiste commence par les fragments les plus hauts.
L’organisation du découpage des masses de “giornata” et les étages de “pontate” accompagnent esthétiquement la composition “plastique” de l’œuvre.
Les raccords (ou coutures) se prévoient sur un contour, dans une zone d’ombre, la limite d’un contraste pour ne pas être trop apparent. Cette ligne est simple de droites et de larges courbes, les angles aigus sont proscrits.
Une “période de travail” laisse au peintre entre une heure et huit heures pour achever cette surface, selon les conditions climatiques et la bonne préparation du mur.
Le mur est longuement humidifié dès le matin. L’intonaco de la journée est appliqué et déborde sur le dessin des autres “giornatas” car lorsque la peinture est achevée, l’enduit est découpé avec une lame en inclinant l’outil pour créer un biseau permettant aux enduits (ou intonaco) de se croiser.
Le deuxième jour un enduit est appliqué le long de la couture. L’enduit frais ne doit pas déborder sur la couture de la veille, des tensions peuvent créer des décollements, la chaux fraîche blanchire les couleurs de la journée précédente. En cas de salissures, essuyez au pinceau avec des mouvements orientés vers l’intonacco du jour.
Outils de découpes : “cutter” – “Riflard” – “spatule” – “Couteau feuille de laurier” – “couteau à mastiquer”


Les caractéristiques plastiques de la fresque

La fresque est une “trouée fictive” donnant sur l’extérieur. Tantôt elle “ouvre” la surface verticale du bâti, tantôt en souligne le plan.

Sur ce mur s’inscrit les images de l’environnement du bâtiment, les préoccupations spécifiques qui réunissent ces visiteurs, les rêves de ces habitants, la projection d’une pensée..
Trop de détails sur une fresque et c’est la cacophonie. Le regard a besoin de repos comme l’ouïe de silence, et l’esprit de rêve.
La fresque est architecturale comme son support. Structurer dans ses découpes et sa composition, elle est de la même famille que le bâtiment, construite, pensée, établie sur des bases souvent géométriques. Le fresquiste est bien placé pour sentir les significations de l’acte de composer un tableau. Le mur peint est enfant d’architecte, épouse les formes et les déplacements du visiteur.
S’imprégner du lieu, premier travail du fresquiste.
Il s’agit d’un véritable travail “in situ”. Concevoir la maquette d’une fresque c’est dialoguer avec le lieu. L’œuvre fait corps avec l’architecture et l’artiste doit connaître physiquement cet espace. Il étudie aussi les spécificités de la région et du bâtiment, sa structure, son style, les éclairages selon les heures de la journée, comment les visiteurs circulent.

Narration : La fresque a servi de tout temps une narration.L’intention des récits mythologiques ou Bibliques à l’attention des illettrés sont didactiques. Par la grande durée de vie de ces matériaux, elle porte témoignage.


L’exécution peinte

Il s’agit ici d’une présentation de la technique la plus classique de la peinture à fresque.
Après une bonne compréhension de la matière, rien n’interdit d’autres méthodes.

Le poncif : Apparaît au début du XVème siècle en italie dit “spolveri” sur papier ou carton. Les contours du dessin sont suivis par une chaîne de petits trous d’aiguilles. Il permet de réaliser des dessins plus fins (détails, visages, mains). Avant cette invention le contour était produit par un petit sillon tracé sur le carton du projet plaqué sur l’enduit frais
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Peindre :
L’on commence à travailler quand la chaux laisse apparaître le rugueux du sable (l’eau laiteuse disparaît) c’est le début de l’absorption de l’eau par capillarité, lorsque le doigt ne s’enfonce plus dans l’enduit frais.
La mise en place du poncif est prêt à l’emploi dès les premières fermetés de l’enduit. Sans tarder un tissu chargé de fusain en poudre est frotté sur le calque. S’utilisait aussi une poncette, bourse en tissu remplie anciennement de terre naturelle.
1/ Les contours sont ensuite repris au pinceau fin.
2/ Remplissage — anciennement de ton local, fonds des draperies avec du gris, les chairs avec de la terre verte.
4/ Quand la couleur ne tâche plus le doigt, l’on passe la truelle (lisser) puis aussitôt deux nouvelles couches de remplissages sont peintes et dont l’enduit absorbe l’humidité comme du buvard. Les bleus étaient anciennement mis en premiers car ils nécessitent l’ajout d’autres liants.
5/ En 10 ou 15 minutes la couleur est prête à de nouvelles couches. Sur cette matière douce l’on apporte les ombres puis les lumières
6/ Reprendre les contours, les détails.
7/ Les lumières en plusieurs couches (anciennement blanc de St Jean ou Parétonique — Le pismite, vieil enduit broyé réservé aux accents)
8/ Le modelé après les demi-teintes
9/ Glacis légèrement coloré
C’est l’expérience qui permet au fresquiste de sentir le moment où la couleur n’est plus fixée sur la chaux. Par exemple lorsque le support laisse le sentiment qu’il n’absorbe plus. A partir d’un stade, les reprises à fresco sont impossibles et les pigments seront balayés par le simple ruissellement d’eau sur la fresque. Afin de poursuivre au delà, la peinture sera appliquée à seco avec des liants, résultat plus fragile.


Agrégats • (charges)

Un enduit constitué seulement de chaux (100%) serait friable et se fissurerait. Les charges limitent le retrait, équilibrent les tensions et favorisent la porosité. Elles renforcent la dureté de l’enduit. Le choix des agrégats se détermine selon l’épaisseur des enduits et l’absorption du mur.

• Sable : Choisir un sable de rivière siliceux (crissant sous les doigts)
— Sable de mer est interdit (le sel détruit la chaux). Sans argile (fragilise les enduits). La poussière de pierre (fine) donne un mortier sans force.
Recette : Bien laver et sécher (la chaux adhère mieux sur un sable sec). Granulométrie et tamis variés (la variété des plus petits grains remplit les vides et offre aux cristaux de chaux des liaisons plus courtes.)

• Poils et fibres : Rétenteur d’eau, arme le mortier, évite les craquelures.
Types : poils de veau, de lapin, cheveux, crin — Filasses de lin, chanvre, laine, paille, étoupe — Fibres de polypropylène.
Recette : Couper à 3 ou 5 cm. de long, une poignée pour une auge ou recouvrir la surface de l’auge de mortier.

• Particules de terre cuite : Réserve d’humidité, isolant, accroche bien la chaux (poreux)
Recette : faire tremper quelques heures dans un seau pour gorger d’eau les grains.
Types : terres rouge cuite , briques pilées

• Pouzzolane : Durci la chaux, retient l’humidité.

• Ponce : les vapeurs circulent, évite le salpêtre, étanchéité. Coût élevé.

• Poudres de marbres : C’est un calcaire dur, composant de l’intonaco plus lumineux que le sable fin, il durcit la chaux. 10 %

• Blanc de Meudon : C’est un calcaire tendre (carbonate de calcium) composant des stucs, épaississant des peintures à la chaux (badigeon).

Le numéro de maille d’un tamis correspond au nombre de mailles au pouce français (2,78 cm). Plus le numéro est élevé, plus le tamisage sera fin.

Tamis n° 2 = grain de sable 10 mm.
n° 4 = 5 mm.
n° 6 = 3,5 mm.
n° 8 = 2,8 mm.
n° 10 = 2,5 mm.
n° 12 = 2 mm.
n° 14 = 1,7 mm.
n° 16 = 1,5 mm.
n° 20 = 1,1 mm.
n° 25 = 1 mm.
n° 30 = 0,8 mm.
n° 35 = 0,63 mm.
n° 40 = 0,52 mm.
n° 50 = 0,36 mm.
n° 60 = 0,31 mm.
n° 80 = 0,25 mm.
n° 100 = 0,15 mm.
n° 120 = 0,13 mm.
n° 160 = 0,11 mm.

 


Dosages


chaux / charges

La chaux peut être appliquée en couche fine sans ajout d’aucune charge, mais risque de manquer de résistance.
Le dosage varie selon le support absorbant ou non, ancien ou non et selon le type de la couche d’enduit.
Le liant (ici la chaux) doit enrober la charge et compléter les vides variables laissés par les grains et les vides déterminent le dosage chaux-charges.
Plus le grain de sable est fin, plus la surface à enrober est importante. Sable fin = plus de liant, ainsi une part de sable de deux millimètres de diamètre demande une demi part de chaux tandis qu’une part de sable d’un millimètre de diamètre demande une part de chaux.

chaux / eau
Le dosage est “un tour de main”. L’eau doit gonfler la chaux (bonne dispersion). La consistance (plus ou moins liquide) est fonction de la nature des travaux. Ni trop noyé, ni trop sec.
L’excès d’eau limpide (eau de chaux) surnage au dessus de la pâte. La carbonatation ne se réalise pas dans l’eau. La pâte ainsi noyée, peut rester sans durcir des années durant. Le retrait trop important de l’eau entraîne le liant vers l’intérieur du mur (migration). Les volumes d’eau deviennent des vides trop importants après séchage (affaiblissement, fissures). Trop humides, les éléments manquent d’adhérence. Sables et cristaux de chaux ne peuvent se serrer et la fresque forme alors une croûte qui pourrait se détacher de l’enduit.
• Ne pas ajouter plus de volume d’eau que de volume de chaux : 2 d’eau pour 1 de chaux maximum. Lorsqu’il manque d’eau au gâchage, de la poudre de chaux pourrait se trouver non gâchée (farinage). Utiliser de la chaux en pâte évite tout problème. Il est prudent de gâcher la chaux en poudre à l’avance. Soit il n’y a pas assez d’eau au gâchage, soit le mur est trop absorbant. Dans les deux cas, la carbonatation n’a pas le temps de se former donc les pigments ne se fixent pas sur la fresque.

Pour vérifier la porosité du support, un petit test simple est à réaliser avant d’appliquer les enduits.
Test de la goutte d'eau :
poser une goutte d'eau sur la surface à peindre.
- Si l'eau ne reste pas en surface et s'infiltre, le matériau est idéalement poreux ou trop poreux selon la rapidité de l’infiltration.
- Si en revanche, la goutte reste en surface, le matériau manque de porosité.

Chaux hydrolique : La chaux aérienne utilise plus de deux fois le volume d’eau utile à la chaux hydrolique.


Intonaco coloré en masse

Des fresques de Pompéi sont peintes sur un intonaco coloré dans la masse. Sur ce fond de couleur, le peintre apporte des lumières avec des badigeons de chaux colorés. Plus épais que l’aquarelle des pigments purs, les lumières sont proches des effets de matière de la couche picturale de l’huile et sont piquées de petites cavités sombres qui apparaissent avec l’absorption du badigeon par le mur.

Ajouts de pigments dans l’enduit
La quantité de pigments (considéré comme des “fines”) est exprimée en poids par rapport au poids de la chaux pure. Au delà de 3 %, c’est risquer la fissuration de l’enduit. Un dispersant peut être utile : sel d’alun, savon noir

 


Ouvrages sur la fresque

• Claude Prieur « Mon métier de fresquiste » Auto-édition, 1996
• Jeanne-Marie Bertaux « La peinture à fresque, un savoir » Édition DCL, 2010
• Isabelle Bonzom « La fresque, art et technique » Eyrolles, 2010
• Techniques et pratique de la chaux, École d'Avignon – Eyrolles



Répertoire de liens – Fournisseurs

Matériel, pigments, colles, liants, technique de la Fresque, histoire, écoles

Kenzai à Gerzat (63) : http://www.kenzai.fr

Calci-Chaud, "Chaufourniers" à Ebreuil (03) : http://calci-chaux.com

http://www.ocreschauvin.fr/index.php

http://www.ocres-de-france.com

http://www.lamarchandecouleurs.com

http://okhra.com

http://www.les-3-matons.com

http://www.caseo.fr/boutique/vmchk.html

http://www.tamisbois.fr/produits.html

http://www.couleur-pigment.fr

http://affresco.canalblog.com

http://www.claytec.fr

http://www.espritcabane.com

http://www.solargil.com/fr

http://www.materiaux-naturels.fr

http://www.fresques.net

http://www.materiel-art.com

http://www.auro.fr

http://www.kamapigment.com

http://www.marinbeauxarts.com

http://www.artemisia-formation.com

 

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Cette rubrique en cours de construction viendra s'enrichir très régulièrement. ...


Édition de mes écrits : "Secret"

 

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secret du dessin et de la peinture,
les fondamentaux,
l’origine des cultures,
le marché spéculatif contemporain.

L’auteur rassemble l’ensemble de ses notes d’atelier,
et part à la recherche des sources de son métier, interroge les maîtres passés
et contemporains.
La peinture est-elle morte, comme l’avait annoncé Duchamp ?
Existe-t-il quelques secrets utiles pour retrouver le fil ?
L’ensemble des plasticiennes et des plasticiens ont peine à survivre dans
l’ombre de l’académisme mourant de l’art dit “contemporain” où l’argent est seul juge.
Comment en effet préparer l’après ?
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356 pages, format 21 x 14,8 cm.
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ISBN : 979-10-699-4490-9
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