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– Page double n° 23 –

ROMANTISME


5-5
Bleu de Prusse
Colour index : PB27

 

 

 

Historique du pigment

Deux alchimistes prussiens, Diesbach et Dieppel, découvrent fortuitement à Berlin un bleu foncé d'une grande force colorante en cherchant à synthétiser un cramoisi à partir de sulfate de fer, de carbonate de potassium qui contenait malencontreusement du cyanure jaune. Il est fabriqué dès 1710 et donne lieu à de nombreuses variantes dont celle consistant à le stabiliser avec une grande quantité de charge minérale blanche donnant ainsi le bleu de Paris ou le bleu d'Anvers. C'est un ferrocyanure double de fer et de potassium dont la structure extrêmement complexe diffère selon le mode d'obtention. On peut donc parler de "bleus" de Prusse. Les bleus sont profonds, d'une bonne solidité à la lumière, possèdent un pouvoir colorant marqué et un pouvoir couvrant satisfaisant. Le peintre Degas aurait dit : “j’ai toujours eu en horreur le bleu de Prusse”. Le fabricant de peinture Jacques Blockx en 1881 inscrit le bleu de Prusse dans la liste des couleurs impropres à la peinture artistique. Le bleu de Prusse a l’inconvénient d’envahir ses voisines. Au début du XXème sa fabrication était de meilleure qualité sous le nom de “bleu minéral” mais contenait de l’alumine et devenait avec le temps caoutchouteux en tube. En 1885, Vincent Van Gogh dans une lettre à son frère Théo exprime un jugement sévère à propos de son tableau “les mangeurs de pommes de terre” et il écrit : —“... Si j’avais eu le bleu minéral que j’ai maintenant, je l’aurais bien mieux réussi...”

Psychologie de la couleur :

Plusieurs expressions témoignent encore de nos jours de la variété des connotations acquises par le bleu : « être fleur bleue » (être romantique) ; « avoir les bleus » (être mélancolique) ; « avoir du sang bleu » (faire partie de l’aristocratie). En régle générale un décor bleu calme ou tempère l’appétit, il est préférable d'éloigner cette couleur froide des cuisines et des salles à manger.

Peintres ou oeuvres d’art utilisant ce pigment :

William Blake (peintre anglais 1757-1827), Paul Gauguin (peintre français, École de Pont-Aven, 1848-1903), Kandinsky (premier peintre abstrait, français d’origine russe, 1866-1944)


ROMANTISME


5-6
Vert émeraude
Colour index : PG18

 

 

 

Historique du pigment

La pierre émeraude n’a pas servi à fabriquer ce pigment. Vauquelin (inventeur du jaune de chrome) remarque une couleur émeraude en 1798 mais le fabricant de couleur Pannetier à Paris (1838) est mentionné comme étant le découvreur. Selon Winsor & Newton qui l’utilisa dans ses peintures pour artistes en 1849, la couleur est apparue en Angleterre en 1862, mais William Turner utilisait ce vert dès 1840. C’est en 1859 que M. Guignet découvrit un procédé meilleur marché (premier mode de préparation très coûteux). Vert intense très légèrement bleuté comme la pierre, il rentre régulièrement sur les palettes des peintres à partir des années 1860. C’est un oxyde de chrome hydraté au pouvoir colorant moyen. Sa transparence le rend utile dans les glacis. Il est stable.

Psychologie de la couleur :

Le turquoise et l’émeraude stimulent la fantaisie, la spontanéité et la créativité. Les gens qui portent souvent des vêtements bleu-vert fuient volontiers le monde réel, ils sont sensibles et ont de l'imagination, de l'inspiration. C’est la couleur du plancton qui colore l’eau en vert. Aussi, pour les pisciniers, une eau verte représente une eau manquant de chlore. Le turquoise représente l’eau de la vie fertile, le monde aquatique. Il semble faciliter la communication chez les gens qui s'entourent de cette couleur, elle stimule la fantaisie, les sentiments fraternels, la sympathie, les réunions. C’est une couleur utile pour les timides.

Peintre ou oeuvres d’art utilisant ce pigment :

William Turner (peintre anglais), J.-F. Millet (École de Barbizon, 1814-1875), Corot (École de Barbizon, 1796-1875), Paul Cézanne (1839-1906), Claude Monet (impressionniste français 1840-1926), Auguste Renoir (impressionniste français 1841-1919), Georges Seura (impressionniste français 1859-1891), Vincent Van Gogh (1853-1890), Matisse (peintre français, 1869-1954)

 

S U I T E

 

Calméjane Yves – 2008 ©

 


Yves Calméjane
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